Cycle de vie produit : les enjeux croissants de la phase recyclage
La lutte contre les dérèglements climatiques, la hausse du prix des matières premières et la mise en place d’une législation pointilleuse sur l’économie circulaire défient plus que jamais les industriels. Pour tenir bon dans un contexte international tendu et produire de manière responsable et conforme, l’attention portée à la fin de vie des produits devient centrale.
L’économie linéaire, sur laquelle une très grande majorité des industries s’est développée depuis un siècle, a aujourd’hui révélé ses limites. Les cycles conception, production, consommation, destruction/ élimination ne peuvent plus tenir dans un monde où les ressources se raréfient et se payent toujours plus cher. Résultat : les enjeux associés à la phase recyclage, l’une des possibilités offertes pour organiser la fin d’un cycle de vie produit, se renforcent.
Donner une deuxième vie aux composants pour lutter contre la volatilité des prix
La flambée des prix des matières premières observée depuis le début de l’année 2021 fait beaucoup parler d’elle. Il faut dire qu’aucun secteur industriel n’est épargné ! Ainsi les prix du pétrole, du gaz, du bois, du papier, des engrais, des métaux connaissent des envolées. Le prix du cuivre, par exemple, a augmenté de près de 10% entre Avril 2021 et Avril 2022. Dans ce contexte volatile, les industriels ont donc tout intérêt à optimiser leurs approvisionnements et à considérer des alternatives telles que les matières recyclées, moins soumises aux variations.
Réutiliser pour réduire son impact carbone
De plus, ces matières à réutiliser ont un impact carbone très inférieur à celui des matières premières extraites, lesquelles sont transportées (souvent sur des milliers de kilomètres) avant d’être transformées pour être utilisées dans un processus de production. Ainsi, le recyclage permet d’éviter les émissions de gaz à effet de serre dues à l’extraction et à la fabrication. Selon la Federec (Fédération Professionnelle des Entreprises du Recyclage), le recyclage d’une tonne de ferrailles permettrait par exemple d’éviter l’équivalent de 57 % des émissions de CO2 nécessaires à la production d’une tonne d’acier primaire.Un pourcentage qui monte à 93% pour le recyclage de l’aluminium et 98% pour le recyclage des textiles. Recycler, c’est aussi préserver la valeur de matériaux et matières dont les propriétés restent intéressantes, voire stratégiques, pour l’industrie émettrice de ces déchets ou pour d’autres secteurs.
Répondre aux évolutions règlementaires
Qui dit recyclage dit d’ailleurs enjeu de conformité. Comme l’écrit l’Ademe sur son site (1), « en France, la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire, dite loi AGEC, promulguée le 10 février 2020, amorce une accélération du changement de modèle de production et de consommation afin de limiter les déchets et préserver les ressources naturelles, la biodiversité et le climat». Elle vient notamment transformer en profondeur le système d’organisation des filières REP (responsabilité élargie du producteur). En soumettant davantage de secteurs au dispositif REP d’abord : aux filières REP existantes en France (emballages ménagers, piles, équipements électroniques, véhicules, textiles, médicaments…), la loi AGEC a ainsi prévu de créer, de 2021 à 2025, une dizaine de filières supplémentaires (sports et loisirs, bricolage et jardin, bâtiments…).
Surtout l’objectif du dispositif REP n’est plus seulement de traiter les déchets générés, mais également de les prévenir. Concrètement, les producteurs concernés devront élaborer tous les cinq ans un plan d’action de prévention et d’écoconception de leur produit afin que ceux-ci contiennent plus de matière recyclée et soient plus recyclables sur le territoire national.
Eco-concevoir pour mieux recycler : l’intérêt du PLM
Pour réussir cette transformation, l’industrie peut notamment s’appuyer sur une démarche et des logiciels PLM adaptés, lesquels permettent de suivre le cycle de vie du produit de manière transversale, de l’analyse de besoins jusqu’au recyclage des produits. Le PLM permet ainsi de collecter et d’analyser toutes les données techniques d’un produit à toutes les étapes de son cycle de vie. Une base sur laquelle peuvent s’appuyer les concepteurs pour effectuer des simulations numériques et éco-concevoir des produits toujours aussi qualitatifs mais moins gourmands en énergie et en matière, et composés de matériaux recyclables et/ou facilement réparables.